Depuis toujours, l’humain entretient une relation
complexe avec le capital naturel. Tour à tour vénéré, exploité, protégé
ou redéfini, notre rapport à la nature n’a cessé d’évoluer.
Aujourd’hui, alors
que nous sommes entrés dans l’Anthropocène, où l’activité humaine
façonne profondément la planète, une nouvelle question se pose : comment
préserver et gérer intelligemment notre capital naturel ?
Au programme :
- Le capital naturel : une notion aux multiples visages
- L’évolution de notre rapport au capital naturel
- Le capital naturel : une ressource en mouvement
- L’anthropocène : un capital naturel sous pression
- Vers une nouvelle approche du capital naturel
- Conclusion : gérer le capital naturel avec intelligence
Le capital naturel : une notion aux multiples visages
Si on demandait à plusieurs personnes de définir le capital naturel, on obtiendrait probablement des réponses très différentes. Et pour cause ! Ce concept repose sur une notion clé : la nature est une ressource précieuse, mais aussi une dynamique en perpétuel changement.
Selon Frédéric Ducarme, quatre grandes définitions de la nature coexistent :
- La nature comme un grand tout : L’univers physique régi par des lois immuables, qui inclut l’humain et s’oppose au surnaturel.
- La nature comme l’opposé de l’artifice : Ce qui n’est pas modifié par l’homme, une vision qui exclut l’humain.
- La nature comme une force dynamique : Un système en perpétuelle transformation, où l’homme est un produit de l’évolution.
- La nature comme une essence : Une vision statique où chaque être possède une "nature propre".
👉 Mais dans un monde en mutation constante, peut-on encore penser la nature comme une entité figée ?
L’évolution de notre rapport au capital naturel
Pendant longtemps, la nature était perçue comme un décor fixe, une ressource inépuisable mise à disposition de l’humanité.
- Dans l’Antiquité, les visions gréco-latines considéraient la nature comme un principe universel régissant le monde.
- Avec le christianisme, la nature devient une création divine, confiée à l’Homme pour être exploitée et maîtrisée.
Mais à partir du XVIIIe siècle, une rupture s’opère : la nature est désormais opposée à la culture. Elle devient un objet d’étude, mais aussi une source d’exploitation industrielle et économique.
👉 C’est ici que naît réellement la notion de capital naturel, où la nature est envisagée comme un stock de ressources à gérer.
Le capital naturel : une ressource en mouvement
L’arrivée de l’histoire naturelle et de la biologie évolutionniste va bousculer notre perception de la nature.
- Buffon et Darwin montrent que la nature n’est pas statique, mais évolutive.
- La biodiversité est le résultat d’une histoire longue et complexe, faite d’adaptations et de transformations.
- Les écosystèmes ne sont jamais figés : une forêt "primaire" n’a en réalité jamais cessé de changer.
👉 Ce qui était considéré comme "naturel" hier ne l’est peut-être plus aujourd’hui.
Ce constat amène une remise en question majeure : peut-on
encore gérer le capital naturel en voulant revenir à un état passé ?
L’anthropocène : le capital naturel sous pression
Bienvenue dans l’Anthropocène !
Disclaimer : L'Anthropocène n'est pas encore reconnu scientifiquement comme une époque géologique officielle. En mars 2024, un vote parmi des scientifiques a abouti à un rejet de cette identification. Les débats se poursuivent, notamment sur la définition et le début de cette période, ce qui complique son acceptation.
Un concept qui souligne à quel point l’humanité influence désormais profondément la planète.
- Le réchauffement climatique modifie la répartition des écosystèmes et remet en cause les cycles naturels.
- La disparition de la biodiversité transforme durablement la structure des chaînes alimentaires.
- L’exploitation intensive des ressources met en péril des écosystèmes autrefois résilients.
Or, le capital naturel n’est pas une simple réserve infinie : il est soumis à des limites écologiques et doit être géré avec précaution.
👉 Face à ces défis, une nouvelle approche s’impose : préserver le capital naturel tout en accompagnant ses transformations.
Vers une nouvelle approche du capital naturel
Comment concilier développement humain et préservation
du capital naturel ?
Voici quelques pistes :
💡 Accompagner les dynamiques naturelles plutôt que les figer
Plutôt que de vouloir restaurer la nature à un état passé, il faut aider les écosystèmes à s’adapter aux nouvelles conditions climatiques.
💡 Favoriser un modèle de "land sharing"
Plutôt que de séparer nature et zones humaines, il faut encourager des modes d’exploitation qui préservent la biodiversité.
💡 Valoriser les savoir-faire traditionnels et la coévolution
Des pratiques comme le terroir ou l’agroécologie montrent que l’humain peut être un acteur positif dans la gestion du capital naturel.
Conclusion : gérer le capital naturel avec intelligence
Le capital naturel n’est pas un simple stock de ressources à exploiter, ni un patrimoine figé à préserver à tout prix. C’est un système vivant, en perpétuelle transformation.
L’enjeu n’est donc pas seulement de protéger la nature, mais d’apprendre à évoluer avec elle, en préservant son potentiel pour l’avenir.
Dans un monde en mutation rapide, la question n’est plus de savoir si nous devons préserver la nature, mais quelle nature nous voulons co-construire.